Le cabinet est cet espace réservé au travail intellectuel, au plaisir et à toutes sortes d’expériences mentales. A l'écart, il est censé offrir le calme nécessaire à la contemplation, à la réflexion et à la création.
Celui-ci se veut un lieu où se confrontent l'expérience et la représentation du monde — avant comme après son exploration physique — par le moyen des cartes. Entre les deux pôles que sont la cartographie satellitaire et le psychocosmogramme (ou mandala), tous les types de cartes existent. Il est possible d’en user pour élaborer une vision renouvelée du monde qui ne sacrifie ni la vérité des faits ni l’esthétique : Korzybski fut le premier à dire que la carte n’est pas le territoire, « mais quoi de mieux qu’une carte pour donner une sensation initiale de monde (qui ne se souvient des premières cartes qu’il a vues, enfant ?), pour éveiller la conscience planétaire ? « J’ai entendu dire qu’il y a des gens qui ne s’intéressent pas aux cartes, j’ai peine à le croire », écrivait Robert Louis Stevenson. Si les cartes renseignent sur la forme du monde, l’absolue beauté de certaines d’entre elles va jusqu’à illuminer l’esprit. »(White)
Les vertus des cartes sont immenses. Elles permettent non seulement de nous renseigner sur la forme du monde. L’esprit peut s’en servir comme instruments d’évacuation : évacuation d’angoisse, évacuation de faux langage (Deligny). Elles éclairent les relations entre les lieux, entre les lieux et les phénomènes — et entre tout cela et les êtres vivants.
Les cartes ont toutes leur poétique, qui tient aux choix de celui qui les a réalisées, à la vision du monde qu’il y a mise en œuvre. La poétique la plus riche — à la recherche de laquelle les géopoéticiens consacrent leurs efforts — est celle qui pourra émerger du rapport le plus dense et le plus vivant, le plus évident et le plus beau avec la Terre.
Une Grande Carte pourrait en être l’instrument.