Jargon Group

 

 

Définitions

 

Nom du premier groupe fondé par White à Glasgow dans les années 60 :

"Le Jargon Group est un groupement d'individus, un rassemblement d'éléments de révolte, de négation et d'affirmation, en dehors de toute organisation établie et de toute ligne idéologique, son but étant simplement : une intensification de l'individualité, une requalification de l'existence, le commencement d'une communauté vivante", Essays and Experiments, The Feathered Egg*, n°1, Université Charles V, avril 1972, p. 13 (cité par Anne BINEAU, HKW, p. 58).

 

"Je me suis immergé pendant de longues années dans toutes sortes de « charabias » philosophiques, convaincu, comme Deleuze, que ce « charabia », cette langue dans la langue, est nécessaire (j'ai moi-même parlé de « jargon », le langage du jars, intitulant ainsi le premier groupe que j'ai fondé, à Glasgow, le Jargon Group)", DD, p. 50.

 

 

voir Feathered Egg, Feuillage

 

 

Principales occurrences

DD, p. 50 ; LCGT, p. 30 ; LM, p. 17 ; LP, p. 19 ; PC, p. 88, p. 174 ; SP, p. 16, p. 21-29, p. 171 ; Autre Sud, n°45, Juin 2009, p. 32 ;ALH, p. 97 ; Lisières, p. 36


Citations

"Au sommet d'une autre colline / (Gilmorehill, le quartier de l'université) / j'avais créé le Jargon Group / où je faisais des causeries et des lectures de poésie / (dans des églises, dans l'amphithéâtre de philosophie) / et publiais des pamphlets / relayés de Londres / par le centre para-situationniste Sigma / à un réseau de gens à travers le monde / qui incluait Ronald Laing, l’ « anti-psychiatre » / et le Burroughs du Festin nu à Tanger", LM, p. 17.

"C'est avec ces études en tête, et avec la conviction que derrière la question politique il y avait un problème culturel, que, de retour à Glasgow, j'ai fondé le groupe Jargon, dédié à ce que j'ai appelé « une révolution culturelle » (sans aucune référence à Mao)", Autre Sud, n°45, Juin 2009, p. 32.

 

Commentaires

Dans Une Stratégie paradoxale, White précise : "N'oublions pas que « jargon » vient de « jars » - c'est le langage de l'oie sauvage, c'est à dire un langage qui se situe en dehors du langage convenu, hors des codes, qui essaie d'ouvrir un autre espace" (SP, p. 199). White se réfère aussi à Miller : "Le titre était un peu ironique et faisait référence à une phrase d'Henry Miller : « le jargon des anges et des exclus », PC, p. 88. La référence se trouve dans Nexus : « Souvent, c’était dans le noir, au coin d’une rue, dans un quartier complètement désert, sous un vent qui hurlait comme un dément, que je tombais sur un de ces marmiteux. Parfois, il me demandait du feu, ou bien de lui filer vingt balles. Et instantanément, nous nous prenions par le bras, instantanément nous tombions dans le jargon que seuls utilisent les épaves, les anges et les parias », Henry Miller, Nexus, LDP, p. 72, traduit par Roger GIROUX.

Pour mieux comprendre ce que fut à l'époque le Jargon Group, on pourra se reporter au témoignage de Norman Bissel, ancien étudiant de White à Glasgow et membre du Jargon Group : La danse des feuilles, MOKW, p. 233-239. On peut aussi lire les deux numéros parus des Jargons Papers traduits par Michèle DUCLOS dans Une Stratégie paradoxale (p. 21-29).

 

Cheminement critique

The Jargon Papers, première revue fondée par White, fut l'organe du groupe : "Dès 1965, dans la petite revue ronéotypée qu’il lance à Glasgow, Jargon Papers, le jeune White proclame, se recommandant de Nietzsche, du mouvement surréaliste français et de la métaphysique bouddhiste, la nécessité de «créer un changement fondamental dans la psyché humaine. Ceci n’est pas seulement la condition d’une vie pleine, mais peut-être aussi une condition de survie. Car ce que j’ai appelé la moitié d’une vie divisée peut produire des inventions techniques colossales que l’autre moitié morbide est susceptible d’utiliser n’importe comment. Entre le savant atomique apparemment inoffensif et industrieux et un Hitler, la distance n’est pas grande. Au-delà des deux il y a la possibilité d’une existence harmonieuse, celle de l’homme conscient de ses désirs»", Michèle DUCLOS, Traits chamaniques dans la poésie du XXème siècle : Ted Hugues et Kenneth White, Revue des Ressources, février 2003. Voir aussi Anne BINEAU, HKW, p. 58.Christophe RONCATO, KWOM, p. 193-194.