D’un livre écrit par un membre actif de l’Institut international de géopoétique, qui a longtemps dirigé un des ateliers de son archipel, La Traversée, on pouvait s’attendre à mieux. Mais ce livre est non seulement décevant, il est sérieusement déficient.
Sans entrer pour le moment dans l’intentionalité de l’entreprise, plus ou moins consciente, plus ou moins latente, le défaut initial vient sans doute du fait que l’auteur a essayé de faire trop de choses à la fois : évoquer ses attaches bretonnes, en voulant en faire non seulement un « point d’ancrage », mais un fondement ; faire, comme annoncé dans le sous-titre, une lecture des œuvres de trois écrivains (Kenneth White, Victor Segalen, J. M. G. Le Clézio) ; présenter les travaux de l’atelier québécois de géopoétique, La Traversée ; donner une idée sinon pointue, du moins pertinente, de la géopoétique. Le résultat est un salmigondis dont le lecteur novice pourra sortir avec l’impression que les écrivains en question sont marqués, avant tout, comme l’auteur de l’étude, par la bretonnitude ; que l’Institut international de géopoétique fondé par Kenneth White a existé, mais que l’archipel qu’il a instauré par la suite a pour mission (groupe québécois en tête) d’en prendre la relève ; et que la géopoétique n’est qu’une vague rencontre entre littérature et géographie. Quant au lecteur averti, il constatera chez l’auteur du volume un mélange assez curieux de naïveté et de prétention. « Je présenterai la géopoétique à partir des propositions de Kenneth White », déclare-t-elle, en précisant sa volonté de « cibler de nouvelles bases à partir desquelles ouvrir le champ géopoétique ». White aurait donc « proposé » et Bouvet serait là pour disposer.
Regardons cela de plus près, en essayant d’y voir clair, ce qui n’est guère facile, tellement le texte est confus.